Date de publication: 13 juin 2024 / Nourriture / Author : ATH Sokren
« Au Cambodge, le précieux Poivre de Kampot en péril face au changement climatique ». Sous ce titre, une dépêche de l’Agence France Presse a été publiée dans des dizaines de médias d’information dans le monde entier, preuve de la renommée internationale de l'épice star du Cambodge.
« L'Asie du Sud et du Sud-Est a connu ces dernières semaines une vague de chaleur extrême après de longs mois de sécheresse. Dans certaines régions du Cambodge, le mercure a atteint 43°C. Le changement climatique induit par l'homme entraînera des canicules plus fréquentes, plus longues et plus intenses, avertissent régulièrement les scientifiques », y est-il souligné
« Apprécié par les grands chefs du monde entier pour son arôme épicé aux notes florales et mentholées, le Poivre de Kampot est considéré comme le caviar du poivre, vendu dans les épiceries fines autour de 200 euros le kilo », poursuit l’AFP.
La désignation du Poivre de Kampot par l'Union européenne comme « Indication Géographique Protégée » était une source de fierté et de stabilité économique, mais elle offre peu de protection contre les températures caniculaires et la sécheresse prolongée qui sont devenues trop courantes.
Selon le président de l'Association de promotion du Poivre de Kampot, le rendement sera divisé par deux cette année et les exportations pourraient connaître une pénurie en 2025. Normalement, la zone IGP aurait dût produire aux alentours de 120 tonnes. Mais, cette année, les pluies torrentielles du début de la saison ont détruit les fleurs des plantes et la sécheresse qui a suivi a scellé leur sort.
Pour le président de l’association, les agriculteurs de Kampot n'ont pas d'autre choix que de s'adapter en trouvant des solutions pour stocker davantage d'eau.
Les plantations de Confirel ont elles aussi souffert mais leurs réserves en eau ont permis de limiter les dommages. « Nous avons intégré les risques liés aux changements climatiques dans la conception de nos plantations, a précisé le Dr Hay Ly Eang, PDG de Confirel. Notre modèle repose sur le respect de l’environnement, d’une part en faisant le choix d’une agriculture biologique et, d’autre part, en fonctionnant selon les principes de l’économie circulaire et durable qui prônent le recyclage et la valorisation des déchets organiques. Ce modèle contribue à la prévention du réchauffement climatique. De plus, la création de réserves hydrauliques et la mise en place de circuits d’approvisionnement en eau ont été au cœur de l’aménagement de nos plantations. »
Commentant la dépêche AFP, le site environnementalistes Pacte pour le climat écrit : «Remontant à plusieurs générations, la culture du poivre à Kampot a survécu aux khmers rouges et à l'instabilité politique mais est désormais menacée par le climat. Sous le regard haletant de la communauté culinaire internationale, les agriculteurs de Kampot poursuivent leur combat quotidien contre les éléments naturels. Leur sort n’est pas seulement un problème local; c'est un signe d'avertissement mondial. La crise du poivre de Kampot est un appel à l’action contre le changement climatique, un rappel que ce que nous risquons de perdre n’est pas seulement une épice, mais un morceau de la riche tapisserie culturelle et traditionnelle de notre monde ».